J'ai pour habitude de mettre dans le panier virtuel de mon libraire tous les livres que je souhaite acquérir ou du moins, lire. Ils me sont conseillés ou évoqués par des confrères lors de colloques, de séminaires de recherche, au détour d'une émission ou tout simplement par des amis. Mais celui dont je vais parler dans cet article, je ne m'en souviens plus. Je sais que le titre m'avait laissée à l'endroit des 3 points de suspension, à vous dire vrai, j'étais moi-même en suspension. Qu'est qu'ils ne savaient pas ces psy et qu'est-ce qu'ils auraient dû savoir ; d'autant que nous, thérapeute, psy, nous avons un rapport particulier avec le savoir. En effet, pour ma part, je me suis lancée sur le chemin formatif en art-thérapie, avec l'envie de "savoir-faire", d'apprendre un métier mais c'est un "savoir-être" que j'ai travaillé sans relâche et que je continue de mettre au travail. Je sais que je ne sais pas ... pour l'autre. Je sais que, c'est celui qui s'offre cet espace-temps de la consultation, qui possède le savoir conscient ou inconscient pour lui-même. Curieuse de savoir de quoi il retournait, je l'ai donc acheté et très rapidement lu.
Quand on est thérapeute, psy, psychiatre, médecin et que l'on accueille l'autre, il vient un jour où l'autre en souffrance se risque, s'autorise une confidence. Cette réalité partagée, actuelle ou passée, mi-dite ou "toute crue" peut s'avérer être délicate, à écouter, à entendre pour le thérapeute. Parfois, le professionnel même préparé, informé, alerte n'a pas vu les choses s'esquisser. D'autres fois, lui même, sans le savoir, est enlisé dans sa propre histoire, bien qu'il bénéficie ou ait bénéficié d'un long travail psychanalytique et qu'il soit supervisé . Et puis, il faut bien l'avouer, nous sommes issus d'une théorie, dans laquelle on se plonge durant nos études... jusqu'au cou, on finit par s'en extirper en fin d'étude et on y revient régulièrement par éthique et par nécessité car chaque Un n'est pas une cas d'école, étant convaincus et se faisant défenseurs de la singularité. Nous ne cessons de discuter, d'interroger, de déplier cette théorie à la lumière de notre contemporanéité, cependant cela n'y suffit pas, et c'est de cela dont il est question dans ce livre.
Bruno CLAVIER, dans cet ouvrage, tenait à revenir sur le pourquoi du comment. Pourquoi une majorité de psy ou thérapeutes ne sont pas préparés à accompagner, à entendre les victimes de violences sexuelles ? Déni de la société ? Théories psychanalytiques résistantes, ou abandonnées au profit d'autres ?
A travers ces lignes, on refait le chemin, on renoue avec l'histoire sociale et psychanalytique, on détricote, on retricote, on confirme l'éthique.
Je ne pourrai et ne saurai en dire plus. Lisez et relisez-le.
Pour ma part, j'ai fini par lire tous les livres de Bruno CLAVIER cet été, ils sont devenus de précieux compagnons de réflexions. Son propos est limpide, accessible à tous et jalonné de vignettes cliniques.
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