Voici le recueil de 2 textes majeurs lorsqu'on aborde la question de la psychanalyse, de sa méthode, de ses caractéristiques et surtout de cette question qui vient travailler tout thérapeute d'obédience psychanalytique, psychanalyste, ou étudiant en psychanalyse sur son rapport au savoir. Pour rappel, Michel LAPEYRE officiait en tant que maître de conférences en psychologie à l'Université de Toulouse et cette question lui était régulièrement adressée par ses étudiants.
Lorsque l'on est élève ou étudiant, nous nous retrouvons en position d'attente de transmission de savoir et quelque part, lorsqu'on est patient, nous présumons que celui que l'on consulte se débrouille mieux
que nous, et qu'il sait. Dans ces conditions, le savoir revêt alors d'une forme d'universalité. Il n'est donc pas saugrenu, que lorsqu'on est psychanalyste et que l'autre se fait pressant avec ces adresses, de croire que l'on en sait peut-être un bout de quelque chose finalement, tout en étant averti, d'être du côté du non-savoir dans cette rencontre réelle avec un autre que soi. Toute personne, tout sujet comme nous le nommons en psychanalyse est fait de savoir conscient et inconscient. Seul lui sait pour son compte.
Dans ce recueil, Michel Lapeyre insiste sur le fait que le psychanalyste doit veiller à ne pas recouvrir ce qui n'a pas de sens, qu'il doit s'abstenir de tout jugement, et de toute norme ou a priori théoriques. Il a une responsabilité d'être en capacité d'accueillir la surprise, l'inédit, la trouvaille, la création et l'invention dont le sujet fait preuve, et où se dessine non pas ce savoir universel mais ce savoir au "un" par "un" pour échapper au cas par cas.
Alors que l'élève apprend, l'étudiant scrute et discute les savoirs de ces maîtres, le patient attend son diagnostic ; en psychanalyse celui qui consulte est en action. Avec le changement de terminologie, d'"analysé" à "analysant", il n'est plus celui qui patiente, qui subit l'expertise d'autrui. Dans cet espace-temps singulier, l'analysant, le sujet est bien reconnu comme enseignant et le thérapeute n'est plus qu'analyste ou psychanalyste, permettant à l'analysant d'accoucher de son propre savoir.
« Le savoir de l’analyste est un savoir auquel il consent sans s’en prévaloir ni s’en prémunir, qu’il sert sans s’y asservir et sans non plus s’en servir." LAPEYRE Michel, « Le savoir du psychanalyste, pas tant, pas tout », p 122.
Une lecture ou relecture indispensable pour (ré)éclairer cette place singulière du psychanalyste dans son rapport au savoir, une piqure de rappel parfois nécessaire, une évidence pour celui qui considère le sujet comme pièce maitresse de tout dispositif psychanalytique. L'analyse ne se fait pas sans le sujet, elle passe par le sujet, elle n'obéit qu'à son temps psychique propre et singulier.
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