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Le stage d'un parcours formatif

  • janegardellicourt
  • il y a 8 heures
  • 3 min de lecture

A la veille des vacances estivales, "la cloche a sonné, ça signifie" la fin des cours pour certains, une fin de stage pour la stagiaire et moi. Ainsi la semaine dernière, un stage de neuf mois s’est terminé. Une période longue, riche, intense… un cycle complet, presque symbolique d’une naissance. Ce moment m’invite à poser des mots sur ce que représente l’accueil d’un·e stagiaire en cabinet, sur la responsabilité et le rôle du tuteur, mais aussi sur la richesse humaine et professionnelle que cette expérience apporte.


Accueillir un stagiaire en art-thérapie : un chemin à deux voix


Irvin YALOM, partageait dans son ouvrage " Guérir à 2 voix" le dispositif inédit qu'il avait institué avec une de ses patientes, et qui a donné naissance à un recueil éclairant sur les mécanismes de la thérapie (transfert, contre transfert...) dévoilant ce qui se joue tant du côté du patient que du côté du thérapeute. Dans ce post, je propose de vous en dire plus sur l'histoire de cette rencontre entre celui qui met la théorie à l'épreuve de la réalité, supervisé par un tuteur, et celui qui s'y confronte déjà depuis un bout de temps. Souvent le tuteur réactive une réflexion en présence de ce stagiaire en soiffe d'y plaquer la théorie, d'interroger les écarts permis et se positionnant en véritable porte parole des avancées et prise de position des écoles, et institutions formatives.


Depuis cinq ans, j’ouvre les portes de mon cabinet libéral à des stagiaires en formation d’art-thérapie. C’est un engagement que j’ai choisi, en toute conscience, même si cela représente une forme de prise de risque. Dans le champ des pratiques individuelles, rares sont les thérapeutes ou psychologues qui acceptent de partager ce moment si intime qu’est la séance avec un tiers en formation.


Pour le stagiaire : se confronter au principe de réalité.


Un stage clinique est indispensable dans un cursus d’art-thérapie. Il permet de passer de la théorie à la pratique, d’incarner les concepts appris en formation dans le cadre vivant, mouvant et parfois déroutant de la relation thérapeutique. Le stagiaire découvre alors ce que signifie réellement « accompagner » : il observe, il doute, il questionne, il ajuste. Il confronte ses représentations à la réalité du terrain.

C’est une période souvent intense, car elle mobilise des dimensions personnelles et professionnelles à la fois. Il s’agit de commencer à écrire sa propre posture clinique, tout en se laissant guider et nourrir par celle du tuteur.



Pour le thérapeute : une co-présence engagée


Accueillir un·e stagiaire, c’est accepter d’ouvrir son espace à un regard extérieur, souvent curieux, parfois questionnant, toujours en construction. C’est prendre le temps – que l’on n’a pas toujours – de verbaliser, d’expliquer, de relier théorie et pratique. C’est oser être observé dans sa manière d’accompagner, dans sa posture, ses mots, ses silences.

Mais c’est aussi veiller. Veiller à ce que la présence du stagiaire ne vienne pas altérer le lien thérapeutique avec les patient·es. Demander systématiquement leur consentement, vérifier que ce lien est toujours vivant, que la présence du tiers est réellement supportable, acceptable pour eux. Être attentif à la dynamique relationnelle entre stagiaire, thérapeute et patient. Garder en tête que le stagiaire, aussi discret soit-il, est un élément en plus dans la pièce. Il n'est pas rare que cette présence active des choses inédites, comme la visio consultation a pu le faire dans d'autres accompagnements


Un compagnonnage à part entière


Être tuteur, ce n’est pas simplement « permettre d’observer ». C’est accompagner un·e futur·e thérapeute dans une étape cruciale de sa construction. C’est transmettre, sans imposer. C’est accueillir l’autre dans sa fragilité, ses maladresses, ses interrogations. Et c’est, parfois, redécouvrir son propre métier à travers le regard neuf de celui ou celle qui apprend.

En fin de compte, c’est une relation de compagnonnage, où chacun est amené à bouger un peu. Où l’on partage, en toute humilité, une parcelle de ce qui fait la richesse – et la complexité – du travail thérapeutique.



Une gratitude réciproque


À chaque fin de stage, il y a toujours une forme d’émotion. Celle de la séparation, certes, mais aussi celle de la gratitude : pour le chemin parcouru ensemble, pour la confiance mutuelle, pour ce qui a été transmis dans les deux sens.

Parce qu’un stage réussi, c’est toujours une expérience transformatrice. Pour le stagiaire, bien sûr. Mais pour le tuteur aussi.


A l'heure où les formations en ligne se multiplient, j'insiste sur le fait qu'une formation de thérapeute n'est gage de professionnalisme et d'éthique que lorsque celle-ci est constituée d'un solide socle théorique, d'un parcours analytique engagé et d'un stage supervisé d'un certain volume d'heures.


PS : Le recrutement stagiaire pour 2026 est déjà bouclé ;-)

 
 
 

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